Christine Delbecq

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Les matrices, installations

En 2009 le glissement vers le sol d’une toile très rétive et inaboutie, au cours du travail - La glissée - est un évènement fondateur : Je quitte l’image, je fais les chocs. C’est l’arrivée des installations, qui au fil des années s’affirment comme des matrices du travail.

Certaines disparaissent, mais perdurent dans leurs transformations (dessin, video, photographie).
Certaines m’accompagnent en de longs cycles d’années, ce sont les chantiers. Un chantier est une obsession qui dure (en moyenne une douzaine d’années).
Certaines sont présentées en différentes configurations selon le lieu ou la cible du travail.

Des matières, pauvres de préférence : cartons, drap, bâche, fil, feuilles de papier ou plastique blanc, épingles, plaques de bois, carton plume, agrafes...
Des actions, récurrentes : évider, recouvrir, plier, encoller, déchirer, peindre, agrafer, épingler, nouer, déformer, répéter, assembler…
Des sensations, qui fondent le travail : tenir, soulever, se tenir, balancer, peser, vaciller, être là....

Entre frugalité du geste, délicatesse de l’intention et éprouvé du temps, je construis avec ce qui se défait* (Ludovic Degroote). Bouger, observer, changer les points de vue, engendrent une mutation de la réalité des matériaux. Des agrafes et du papier deviennent paysages, une bâche devient la peau du monde (Myriam Eck). C’est la transformation.

Les SoulèvErts, ChaosCartons, LeGrandBlanc, Aux lieux, et l’Herbe, sont des chantiers ouverts et parallèles qui me nourrissent et se nourrissent continûment.

Les SoulèvErts


1/13 01 Les SoulèvErts
1/13 Les SoulèvErts

De trois semaines de marche au Groenland en 2009, je garde forte la sensation de blancs qui se fragmentent. Je me souviens des bateaux, du son du métal qui racle contre les morceaux de glace sur l’eau noire et plate. J’appelais ça soupe de glace, un peu comme dans la mousse au chocolat, lorsque le blanc des œufs en neige n’est pas entièrement mélangé. Je me souviens d’une affiche rouge avec des bouts de papiers blancs. Et du vert dans le mot Groenland. Ces délitements ont mis dix ans pour se poser.

2018...Les SoulèvErts, à géométrie variable, suspendus à 1,20m du sol, se chevauchent légèrement, par plaques plus ou moins nombreuses selon le lieu.

Dans les videos, l’éprouvé du temps ,et une certaine violence à l’oeuvre pour parvenir à cette étendue blanche et verte.

SoulèvErts
SoulèvErts


SoulèvErts en mouvement. Vidéo Colette Bertaud. Motorisation Patrice Ferrasse


ChaosCarton


1/12 02 ChaosCarton. ici présentation sur le plateau des ateliers vortex à Dijon
1/12 ChaosCarton. ici présentation sur le plateau des ateliers vortex à Dijon

Accumuler, rassembler, organiser, construire,

tout lâcher, s’effondrer, défaire, s’ébouler, débouler

circonscrire, retenir, limiter, 
tenter

étaler, ranger
 laisser faire...


Mes cartons sont les éléments d’un vocabulaire ; ils engagent une série d’explorations-transformations. De là je buissonnerai en agrandissant au crayon de papier de minuscules détails, ou en les photographiant puis les composant dans ce que j’appelle les Paysages du temps .
Protocole : l’idéal est que je m’installe plusieurs jours, avant l’exposition et avec mon équipe, explorer puis photographier plusieurs combinaisons dans le lieu qui m’invite, pour présenter ensuite les photographies de ces installations éphémères en regard de l’installation retenue. C’est ce qui s’est passé à l’Espace culturel de la ville de Gurgy (Yonne).

2011...Différentes installations, construites avec les centaines de cartons évidés, marouflés de papier blanc. Les dimensions des installations comme leurs variations d’organisation sont choisies en fonction du lieu et du projet.

ChaosCarton Installation

Le grand blanc


1/6 Le grand blanc. Exposition Chambres d’échos, MSH Dijon 2015
1/6 Le grand blanc. Exposition Chambres d’échos, MSH Dijon 2015

Être dans le blanc est un élément récurrent de mon travail depuis les débuts.

Tourner autour et passer sous la bâche sont une confrontation, ou un enveloppement, physiques. Les deux petites formes jetées dedans incitent à éprouver notre rapport à l’immense.

2015...Une bâche cousue de 12mètres sur 10, deux boîtes en carton évidé marouflées de papier blanc ; installation donc dimensions adaptables au lieu d’exposition.

DansLeGrandBlanc, video. Images Myriam Eck, poète, montage Éric Ferrand, de la compagnie l’Oreille interne. Être au coeur du blanc, tanguer.

Marcher dans le vert


1/7 01 LaRivièreVerte, assemblage de photographies et DansLeVert, diaporama. Exposition /On a penché l’horizon/, église Saint-Philibert, Dijon.
1/7 LaRivièreVerte, assemblage de photographies et DansLeVert, diaporama. Exposition /On a penché l’horizon/, église Saint-Philibert, Dijon.

Installation
2020

C’est la première fois qu’une matrice est un ensemble de photographies, présenté conjointement en formant deux étendues, géographique et temporelle. Que nous font les mêmes photographies assemblées sur un plan, au fil des jours, ou s’effaçant les unes derrière les autres, projetées au sol, et nous marchons dedans ?
J’ai, pendant le confinement, posé au sol l’appareil photo, à la place de mes pieds, tous les jours de ma marche d’une heure, juste derrière chez moi. J’ai continué l’été et l’automne suivants. Photographié, retravaillé, trié, assemblé. 
De ce travail coloré et répétitif mes yeux ont gardé des sensation s fortes de griffures vertes et ordonnées, ou désordonnées. Cette mémoire visuelle a inauguré une série de dessins, les Feuillets d’herbe, et de petites excroissances légères, les Coussins d’airbes.
D’autres choses mûrissent ; Je n’ai pas fini avec ce chantier.