Christine Delbecq


1/39 01 Les Verts d’herbe, à l’atelier
1/39 Les Verts d’herbe, à l’atelier

Il y a les matrices.
C’est toujours de l’immense. Et toujours du pullulement.
Ou alors un extrême isolement. 
Parfois ce sont des blocs de carton évidés, il y en a cent, ou un, ou deux. 
Parfois des milliers de bouts de papier que j’arrache. Ces dernières années je vis dans l’herbe, j’ai mis l’appareil photo à la place de mes pieds, ensuite je dessine, en tout petit, en très très grand.
Les matrices agissent comme ma base. Je m’approche, m’éloigne. D’ailleurs je marche, autour des installations et dehors bien sûr. Juste pour marcher. Ce rythme lent et répétitif que je retrouve dans le crayon et dans mes gestes de travail : agrafer, déchirer, percer, encoller.. 
Et je photographie, j’extrais, je rassemble, ça fait des paysages de temps. Et je dessine. Paysage : du temps posé sur une étendue.
Je dessine en tout petit et puis ça grandit. Lorsque ce qu’on ne voyait presque pas en vient à s’épanouir sur le mur, je me réjouis. Parfois je me rapproche tant que ça devient flou, et je plonge dedans.
Dans l’atelier les chantiers - une obsession qui dure - se succèdent ou se chevauchent. Depuis longtemps, après les pieds, il y les blocs, les papiers déchirés, et l’herbe. Tout avance en prenant des formes diverses, je cherche les éclats de justesse.

...c’est sa manière de déchirer pour recomposer, de créer à partir de ce geste négatif, qui fait la particularité de son travail. Je ne pense pas qu’il s’agisse là d’un simple procédé technique ou d’une méthode astucieuse qui se serait révélée féconde, par hasard. J’y vois plutôt un travail sur soi, contre soi... écrit Catherine Follet, philosophe.