À l’origine de L’échange une interrogation de toujours, parce que toute œuvre posée dans le monde, proposée aux regards, se libère de son auteur : qui la reçoit, comment ? Qui peut être va lui répondre, comment ?
C’est quoi ça ?
Le noyau poétique réside là : dans ce déplacement, ce retrait de la parole telle qu’on en a couramment l’usage, au profit d’un discours que je ne veux pas qualifier d’oraculaire, mais qui semble émerger d’un autre territoire mental, d’une autre région du langage.
Yves di Manno. Terre ni ciel. Éditions Corti
J’ai échangé des courriers avec une centaine de destinataires, connus ou non, auxquels j’avais envie d’envoyer un signe ou qui me l’ont demandé, entre 2012 et 2014. L’échange a également été le sujet de ma résidence au lycée de Dunton de Montréal en 2012, et cette question - que peut-on prendre d’une telle écriture pour élaborer une réponse - me semble faire écho à tout face à face avec une oeuvre.
J’ai reçu environ soixante pour cent de réponses à mes Lettres sans mots : objets, textes, poèmes, mails, dvd, ou mes propres lettres transformées. Voici quelques exemples.
La trace mémorielle de ce projet s’est déployée dans DeLoinPrès, panneau mural de 15 mètres de long, de la série des paysages du temps.
Et les Lettres sans mots deviennent source de nouveaux travaux.